Quand les archives d’un pays sont en péril : le travail porté par Archivistes sans Frontières
La section internationale d’Archiviste sans Frontière (ASF) a été fondée en 1998. Elle est actuellement présente en Espagne, au Brésil, au Chili, en Colombie et en France et intervient dans le monde entier dans différents plans de sauvegarde et de préservation des archives.L’une de ses missions principales est notamment de “de protéger, conserver, organiser et diffuser le patrimoine documentaire en danger de disparition ou de dommages irréversibles, par la conception, la coordination, le développement et la diffusion de plans, programmes et projets ; ces actions pour la sauvegarde et la reconstitution du patrimoine documentaire doivent inclure la garantie des droits de l’Homme, individuels et collectifs.”
ASF répond à différentes demandes venant des quatre coins du monde en matière de prévention, de traitement et de sauvegarde des archives. On peut citer ainsi comme exemple la mission de 2022 concernant les archives de l’adoption internationale du Sénégal, ou encore la participation au Programme de promotion de l’archivage en appui à la bonne gouvernance et au renforcement de l’administration haïtienne, projet piloté par Archives nationales d’Haïti (entre 2011 et 2017). Depuis 2010, ASF-France a travaillé régulièrement en partenariat avec le Ministère de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale du Burkina Faso.


L’objectif étant de développer une politique nationale d’archivage pour appuyer une bonne gouvernance de l’Etat. Des travaux d’audit et d’inventaire ont alors été engagés, menant à la création en 2018 de “chantiers écoles” destinés à mettre des étudiants archivistes burkinabé et français en situation réelle de traitement face à différentes problématiques archivistiques (classement, conservation, prévention etc.). Actuellement, l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature du Burkina ainsi que l’Université de Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) sont partenaires de ce projet.
Pour en savoir plus : Découvrez les carnets de mission développés par ASF-France concernant le projet porté par le Burkina Faso, une véritable aventure à découvrir !
Valoriser l’accès aux archives de l’immigration : le projet d’inventaire national des archives de l’immigration réalisé par l’association Génériques
L’association Génériques a été créée en 1987 avec pour objectif « d’entreprendre et de soutenir toute action permettant d’améliorer la connaissance des phénomènes migratoires en France et dans le monde, par des activités tant scientifiques que culturelles ». Après plus de trente années d’existence, l’association a malheureusement été dissoute en 2018. Le Guide des sources d’archives publiques et privées sur les étrangers en France (XIXe-XXe siècle) est l’un des projets phare de cet organisme.

C’est à partir de l’année 1992 que Génériques se lance dans ce projet de grande ampleur : inventorier les ressources concernant l’histoire de l’immigration contemporaine, dans l’objectif d’en faciliter l’accès pour les chercheurs et historiens. Un travail titanesque est alors lancé, sur plus d’une dizaine d’années, pour trouver des traces de cette mémoire trop absente du discours historique national. Journaux publiés par des immigrés, romans, nouvelles, enregistrements de musique, recueils de textes de lois, tracts, plaquettes d’association, programme de manifestation, rapports officiels, photographies…un travail minutieux de repérage est alors mis en place.

Le guide des sources s’organise alors autour du repérage d’archives conservées aux Archives nationales, en Archives départementales ou encore communales. Les archives privées (associations, collections privées) sont également un volet important de l’inventaire réalisé. Entre 1999 et 2004, quatre volumes du guide sont publiés par l’association Génériques, avec le concours de la Direction des Archives de France.
Pour aller plus loin : Je vous invite à découvrir cet article réalisé par Tatiana Sagatni – archiviste, publié dans la Gazette des archives de l’AAF en 2011 : “Les archives de l’immigration : Génériques ou vingt ans de partenariat avec la direction des Archives de France”.
Vous pouvez également découvrir le Guide des sources en version interrogeable sur le portail Odysséo, portail national des ressources sur l’immigration.
L’Encyclopédie des migrants, un projet artistique et sensible porté par le collectif L’ Âge de la tortue
Comment parler de la mémoire contemporaine, des mémoires d’exil et des identités fracturées ? Toutes sortes de démarches existent à ce sujet, mais dans ce domaine, les propositions artistiques proposent une version sensible et “prise sur le vif” de fragments de vie, complémentaires aux approches des institutions de conservation.
Le collectif l’Âge de la tortue a proposé un projet d’écriture d’une histoire non pas globale, mais bien “intime” de l’immigration. Ce projet a été créé à l’initiative de l’artiste Paloma Fernández Sobrino. Il réunit trois pays : la France, l’Espagne et le Portugal. Certains questionnements ont servi de fil conducteur au projet :

- Qu’est-ce que l’éloignement produit sur l’individu ?
- Comment les repères sont-ils bousculés par l’acte d’abandon du pays d’origine ?
Plus de 400 témoignages ont ainsi été collectés en suivant le modèle suivant : chaque participant au projet a écrit une lettre intime à une personne de leur pays d’origine. Associé à cette lettre, un portrait photographique.


De nombreuses traces et valorisations du projet ont été pensées : tout d’abord une encyclopédie papier multilingue qui a été notamment déposée aux Archives municipales de Rennes. Cette encyclopédie est également consultable en version numérique. Un film documentaire montrant les coulisses du projet a également été réalisé.
Pour aller plus loin : Découvrez toutes les ressources développées autour du projet (ressources pédagogiques et actions de valorisation) sur le site dédié au projet.
Article rédigé par Bérénice Primot